La Créature est parmi nous (1956) de John Sherwood avec Jeff Morrow, Leigh Snowden. (Éditions Elephant films). Sortie en DVD le 24 avril 2016

L'inconnu du lac noir

Après deux films signés Jack Arnold, c’est John Sherwood qui s’y colle pour réaliser la deuxième suite des aventures de l’étrange créature du lac noir. Et disons-le d’emblée, la magie a un peu déserté l’entreprise.

Pourtant, Sherwood reprend à son compte les caractéristiques des films précédents : une équipe de scientifiques à la recherche du monstre amphibien, une présence féminine pour égayer un équipage très viril et une malheureuse créature qui n’a rien demandé à personne mais qui finit par se faire capturer avant de s’évader…

Le début du film, très languissant, est surtout un prétexte à de nombreuses vues sous-marines. Contrairement aux deux films précédents, celui-ci n’a pas été tourné en relief mais cherche malgré tout à conserver une dimension spectaculaire en explorant les fonds marins. Même si ces passages n’apportent strictement rien quant à la narration et au récit, ils ne sont pas déplaisants et plutôt joliment filmés. L’héroïne pulpeuse jouée par Leigh Snowden se livre même à une sorte de ballet aquatique qui contraste avec le caractère supposément inquiétant de la scène (les nageurs sont censés être menacés par la créature). C’est assez charmant.

Par la suite, les scientifiques cherchent à rendre cette créature plus humaine en procédant à des modifications génétiques. Notre monstre se transforme peu à peu, perd ses yeux de poissons et sa figure finit par ressembler un peu au futur héros du film Toxic Avenger. Ces manipulations génétiques qui donnent à la créature un visage de plus en plus humain permettent au cinéaste de lester le film d’un discours inquiet (très caractéristique des années 50) sur les avancées technologiques et scientifiques que résume cette jolie phrase énoncée plusieurs fois : « nous sommes entre les étoiles et la jungle ».

Malheureusement, ce thème de l’influence néfaste de l’homme sur la nature est traité un peu platement, alourdi par des considérations pseudo-scientifiques (une des plaies du cinéma de « monstres » que l’on retrouve notamment dans le premier Godzilla) qui plombent la féerie du projet.

De la même manière, on s’attendait à une nouvelle variation sur le thème de la « belle et la bête » mais l’héroïne n’est ici l’objet de convoitise que de la part des membres de l’équipage : son mari qui sent qu’elle lui échappe, le costaud qui la courtise lourdement et le généticien raisonnable qui finira par la séduire.

Au bout du compte, le spectateur se dit que cette suite un tantinet tristounette n’était pas d’une grande nécessité. Malgré tout, les amateurs de série B pourront peut-être faire abstraction du caractère très poussif du film pour succomber au charme kitch de quelques jolies scènes sous-marines.

C’est peu, certes, mais la curiosité peut malgré tout l’emporter…

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