Le spectre de Frankenstein (1942) de Erle C. Kenton avec Bela Lugosi, Lon Chaney Jr. (Éditions Elephant Films). Sortie en DVD le 21 octobre 2015

Marathon Frankenstein (2)

Alors que les villageois pensent qu'ils sont toujours victimes d'une malédiction et qu'ils incendient le château de Frankenstein, le maléfique assistant Ygor parvient à s'enfuir et à retrouver la créature enfouie dans les catacombes mais toujours vivante. Frappée par un éclair, elle reprend vigueur. Ygor et son « esclave » cherchent à retrouver un autre fils de Frankenstein (Wolfgang) afin qu'il protège le monstre et lui vienne en aide...

Si ce quatrième opus de la saga Frankenstein s'inscrit dans la droite continuité du précédent (Le fils de Frankenstein), il rompt aussi avec la tradition en ce sens qu'il apparaît davantage comme une petite série B très efficace (le film dure un tout petit peu plus d'une heure) qui cherche avant tout à trouver des « trucs » pour renouer avec une créature qu'on pourrait croire détruite depuis longtemps.

Le cinéaste Erle C. Kenton (auteur de la meilleure adaptation cinématographique de L'île du docteur Moreau) ne cherche pas la vraisemblance puisqu'il exhume la créature sans véritables explications (sinon qu'elle est indestructible) et qu'il parvient à nous refourguer un deuxième fils de Frankenstein.

Le plus intéressant est sans doute cette manière qu'il a de jouer avec une scène particulièrement traumatisante du premier Frankenstein et de broder autour de cette image primitive de la petite fille et du Monstre. A tel point que le film commence presque comme finissait King Kong : la Créature enlève une fillette sous son bras et grimpe sur les toits pour aller récupérer gentiment son ballon. Cette confrontation demeure particulièrement efficace et confère à l’œuvre une certaine poésie puisqu'elle est rythmée par ce face à face régulier entre un être représentant la sauvagerie à l'état brut et l'innocence de l'enfance.

Mais comme dans Le fils de Frankenstein, la véritable vedette du récit est bien évidemment Ygor, interprété par un Bela Lugosi toujours aussi cabotin mais néanmoins fabuleux (les deux sont indissociables chez lui!). Tandis que ce deuxième fils de Frankenstein estime qu'on pourrait « guérir » la créature en lui greffant un cerveau « sain » (on se souvient que ce qui a détraqué le plan du baron originel, c'est que sa créature s'est vu implanter le cerveau d'un criminel). Mais Ygor ne l'entend pas ainsi puisqu'il estime qu'il pourrait devenir l'homme le plus puissant de la planète si son cerveau démoniaque était transplanté dans celui de cette créature à la force surhumaine.

On aura compris que les thématiques prométhéennes des premiers Frankenstein laissent place ici à un scénario de série Z aussi abracadabrant qu'amusant de transplantation d'organe.

Autre changement, et de taille, c'est Lon Chaney Jr qui revêt désormais la défroque de la créature monstrueuse, remplaçant l'inoubliable Karloff. Du coup, le personnage perd un peu de son inquiétante poésie et devient plus convenu. La prestation de Chaney n'a rien de honteux mais elle est conventionnelle.

Quand arrive l'inévitable mort de la Créature à la fin du film, le spectateur n'a alors plus qu'une question en tête : comment les scénaristes vont trouver un moyen de la ressusciter à nouveau ?

 

À suivre...

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