Frankenstein rencontre le loup-garou (1943) Roy William Neill avec Lon Chaney Jr, Bela Lugosi. (Éditions Elephant Films). Sortie en DVD le 21 octobre 2015

Marathon Frankenstein (3)

Après l'âge d'or des années 30, le genre fantastique perd de la vitesse à la Universal et devient un peu moribond. Après quatre épisodes de la saga Frankenstein, on pouvait penser que le filon allait se tarir et que les scénaristes avaient usé jusqu'à la corde toutes les situations imaginables.

C'est donc au tour de Curt Siodmak (frère de Robert, bien connu des amateurs de science-fiction et de fantastique puisqu'on lui doit, comme scénariste, Vaudou de Tourneur ou Le loup-garou, La femme invisible et qu'il signa quelques séries B croustillantes, notamment Bride of the Gorilla) de s'y coller pour faire renaître la terrifiante créature.

Son astuce, qui est également celle des studios pour revivifier un genre en déclin, c'est d'en offrir plus au spectateur et de faire d'une pierre deux coups en faisant se croiser deux mythes du fantastique. Comme son nom l'indique, le film est dans un premier temps une suite du Loup-garou de George Waggner (qui est d'ailleurs producteur ici).

Des vagabonds tentent de piller la tombe de Lawrence Talbot et redonnent vie à ce loup-garou terrifiant. Toujours incarné par Lon Chaney Jr (acteur sans génie mais qui effectue correctement le boulot qu'on lui propose), cet homme victime d'une terrible malédiction (il se transforme en loup à chaque pleine lune) retrouve la vieille gitane de l'épisode précédent et décide avec elle d'aller trouver le docteur Frankenstein en espérant que celui-ci puisse l'aider !

 

Il faut donc attendre près d'une trentaine de minutes avant que Talbot délivre la créature d'une épaisse couche de glace. L'ironie de l'histoire, c'est que ladite créature est incarnée par Bela Lugosi qui avait d'abord été pressenti pour tenir ce rôle dans le premier Frankenstein de James Whale ! Après Karloff et Chaney, Lugosi compose une créature plutôt amusante mais beaucoup plus cabotine que les deux précédentes (il ne peut pas s'empêcher de rouler des yeux!).

 

Réalisé par Roy William Neill (surtout connu pour un nombre impressionnant de films tournés avec le personnage de Sherlock Holmes), Frankenstein rencontre le loup-garou est une sympathique série B menée tambour battant (le film dure 1h10) avec un parfait mépris pour tout ce qui pourrait être vraisemblable. On perçoit mal pourquoi Talbot veut absolument retrouver les notes de Frankenstein et encore moins pourquoi il exhume sa création plutôt que le créateur !

Après avoir rencontré les deux fils du célèbre baron, le spectateur fait connaissance avec sa petite-fille qui décide, après moult hésitations, d'aider le pauvre lycanthrope.

La mise en scène, même si elle sent parfois les restrictions budgétaires, n'est pas déshonorante. La séquence d'ouverture dans le cimetière est très réussie et Neill joue parfois de manière assez habile avec des décors qu'il recycle adroitement. Les transformations de Talbot en loup sont assez sommaires (une succession de fondus enchaînés) mais assez efficace, finalement.

 

Au bout du compte, on se demande néanmoins si le personnage de la créature de Frankenstein était nécessaire. Si on excepte un combat final très attendu et assez croquignolesque, le film aurait sans doute gagné à être une véritable suite du Loup-garou dans la mesure où ce personnage, tiraillé entre ses pulsions sauvages et animales la nuit et ses remords le jour (il souhaite mourir), est assez passionnant. Beaucoup plus, en tout cas, que ce qu'est devenu Frankenstein à cette époque (il est bien évident que le mythe originel est fabuleux!).

 

Néanmoins, le film inaugure la tradition du cross-over (quel terme horrible!) et des défilés carnavalesques des grands monstres du cinéma fantastique qui finissent tous, un jour, par se rencontrer. Le résultat n'est sans doute pas inoubliable mais il est plutôt agréable...

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