Malocchio (1975) de Mario Siciliano avec Anthony Steffen, Richard Conte, Jorge Rivero, Pia Giancaro

Visages du cinéma italien : 31- Mario Siciliano

A la vue du nom de Mario Siciliano, certains cinéphiles déviants auront sans doute un petit sourire goguenard aux lèvres et l’œil qui frise puisque le metteur en scène termina sa carrière en tournant un certain nombre de films pornographiques. Ne craignant pas d’aller visiter les territoires les plus malfamés du septième art, il n’est pas impossible que nous évoquions un jour ce genre dans le cadre de cette balade au cœur du cinéma italien. Mais pour l’heure, nous avons préféré découvrir le cinéma de Siciliano par le bais d’une œuvre fantastique où l’érotisme, en dépit d’un titre alternatif racoleur sous lequel circule parfois ce film (Eroticofollia) a été presque totalement banni. J’insiste sur le « presque » dans la mesure où nous sommes en plein cœur des années 70 et qu’il aurait été étonnant de ne pas apercevoir, çà et là, quelques poitrines fugitivement dévoilées.

Peter Crane, un homme riche et oisif, est réveillé un matin par un terrible cauchemar. Il se voit la victime d’une sorte de cérémonie sacrificielle où un homme mystérieux prend possession de son esprit. Revenu à la réalité, il croise une française qu’il n’a jamais vue et qui lui apprend qu’elle a rêvé de lui. Dans ce songe, Peter la tue et, bien évidemment, on retrouvera plus tard le cadavre de cette belle femme.

L’idée de départ est astucieuse puisque Siciliano mêle dans un même mouvement des éléments du thriller (est-ce que toute cette histoire n’est pas une machination orchestrée par des proches de Peter ?) et du fantastique (une possession démoniaque). Les actes de Peter semblent à chaque fois dictés par un désir de vengeance, même s’il n’est pas au courant des méfaits de ses futures victimes.

Sur le papier, le récit a de quoi intriguer et séduire. Malheureusement, toutes ces idées sont gâchées par l’indigence d’une mise en scène qui rend l’ensemble confus et languissant. Un policier (l’immuable Anthony Steffen) est chargé de mener l’enquête mais n’y comprend pas grand-chose (comme nous !). Peter est ensuite pris en charge par un médecin et par son assistante dont il tombe amoureux.

Mais aucun personnage ne surnage et tous sont très mal dessinés. Comprenant sans doute dans quelle impasse il s’est fourré, Siciliano termine son film de la manière la plus conventionnelle qui soit, tarte à la crème des besogneux qui ne savent pas comment boucler leur histoire. Niveau frisson : on s’ennuie ferme et le cinéaste s’avère incapable de faire naître la moindre tension ou le moindre suspense (dans un film par ailleurs dénué de violence).

Bref, si on excepte un climat onirique assez plaisant lors de (trop) courtes scènes (notamment celle qui ouvre le film), le résultat est un produit de série plutôt médiocre et parfaitement oubliable.

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