Antarctica (1983) de Koreyoshi Kurahara avec Ken Takakura. (Editions Carlotta) Sortie le 4 février 2015

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photo : carlotta films

 

Menant des recherches dans l'Antarctique, une équipe de scientifiques japonais, après une périlleuse expédition en compagnie d'une quinzaine de chiens, s'apprête à être relayée. Mais les conditions extrêmes empêchent la deuxième équipe de prendre le relais et la base est abandonnée provisoirement, avec des chiens qui vont devoir désormais se débrouiller tout seul.

 

Antarctica est d'abord pour moi un film de « jeunesse », vu il y a fort longtemps (collège?) et qui m'avait laissé un vague sentiment d'ennui profond. C'est donc avec une certaine curiosité que j'avais envie de revoir, adulte, ce film « pour les jeunes » se déroulant en grande partie dans la neige et sur la banquise (vraiment rien pour faire rêver!)

Je dois confesser que le film de Kurahara ne m'a pas vraiment convaincu. Certaines images sont assez impressionnantes et j'allais dire que tout l'intérêt de l’œuvre tient dans sa dimension « documentaire scientifique » : plans d'ensemble sur une nature hostile, vastes étendues désertes et enneigées, tempêtes, faune polaire... Après, on se dit que ce livre d'images de 2h20 est quand même bien, bien long, qu'il se limite souvent à des chiens qui courent sur la neige et qu'il a beaucoup de défauts.

 

Le premier, c'est l'incapacité de Kurahara à « spatialiser » les événements : les couchers de soleil sur la banquise sont fort jolis (si on goûte ce genre de carte postale) mais le spectateur ne sait jamais vraiment où il se situe, si la base est proche ou si on a parcouru du chemin. Vous allez me dire que c'est tout à fait normal d'être désorienté dans l'Antarctique mais le film ne prend pas vraiment le parti d'un certain sentiment de perdition (comme Gerry, dans un tout autre genre) : les chiens semblent avoir parcouru des centaines de kilomètres mais se retrouvent comme par miracle à la base. Kurahara semble davantage préoccupé par l'idée d'aligner les « belles images » sans vraiment se soucier de construire un espace par sa mise en scène.

D'autre part, notamment dans sa deuxième partie, Antarctica joue la carte (toujours fatale, à mon sens) de l'anthropomorphisme. A l'instar du ridicule L'ours d'Annaud, les chiens sont dotés ici de « sentiments humains » et certains gros plans, couplés à une voix-off lourdingue, cherchent à nous faire croire qu'ils sont touchés par la mort de l'un des leurs ou qu'ils possèdent une conscience. Du coup, le film n'est pas dénué d'une certaine pesanteur larmoyante, notamment lorsqu'un des scientifiques plein de remords se rend chez la petite fille propriétaire d'un des chiens abandonnés et lui en offre un autre.

 

Enfin l'un des aspects les plus rebutants du film est sans conteste la musique de supermarché synthétique de l'inénarrable Vangelis, quintessence absolue de l'horreur que furent ces maudites années 80. Cette soupe musicale est insupportable et c'est peu dire que le cinéaste en abuse ad nauseam.

 

Pour le reste, ce récit qui montre en parallèle les pérégrinations de chiens livrés à eux-mêmes et les remords des scientifiques revenus au Japon me laisse un peu de glace. Mais si vous aimez le froid, la neige et les aurores boréales (ça j'aimerais bien en voir!), peut-être goûterez-vous à ces aventures édifiantes.

Mais sachez également que je vous considérerai comme des masochistes !

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