Brooklyn boogie (1995) de Wayne Wang et Paul Auster avec Harvey Keitel, Jim Jarmusch, Lou Reed, Michael J.Fox, Madonna

 

 

Après Smoke, voilà donc le deuxième volet du diptyque que Paul Auster et Wayne Wang ont  consacré à Brooklyn. Plutôt qu’une suite, Brooklyn boogie s’apparente à des variations sur un même thème. Nous retrouvons le personnage d’Auggie (H.Keitel), tenancier d’une petite échoppe à cigarettes où se croisent divers personnages pittoresques. Les acteurs ont visiblement participé à l’élaboration de leurs personnages et composent de simples silhouettes qui se rencontrent le temps d’une saynète ; le film se réduisant d’ailleurs à une succession de petits sketches vaguement décalés.

Au risque de peiner mon cher petit frère qui m’a offert les deux DVD et malgré la menace qui pèse désormais sur moi de recevoir un mug comme prochain cadeau d’anniversaire, je dois vous confesser, le rouge au front, que j’ai trouvé ce film parfaitement insignifiant (alors que je le répète, malgré quelques défauts, Smoke m’avait plutôt plu).

Les cinéastes n’ont visiblement plus rien à dire et nous offre un « film bonus » où la mise en scène se contente de réduire l’espace à une petite scène de théâtre où les personnages viennent se livrer à de menues joutes verbales assez peu intéressantes.

Alors bien sûr, c’est très « chic » et le duo Auster/Wang ne lésine pas sur les invités de marque : Lou Reed nous présente ses lunettes « révolutionnaires », Jim Jarmusch nous parle de café et de cigarettes (évidemment !), Michael J.Fox apparaît le temps de mener une enquête totalement absurde (et assez drôle, c’est le meilleur moment du film) and last but not least : Madonna elle-même débarque en messagère sexy.

L’ensemble n’est pas franchement désagréable mais cette enfilade de petites scènes quotidiennes étiques m’a paru un brin légère.

 

 

Entre les sketches (nommons-les comme ça puisque c’est de ça qu’il s’agit), les cinéastes se permettent quelques digressions censées donner un tableau plus juste du plus grand quartier new-yorkais : interviews en vidéo d’autochtones, récitations face caméra de données statistiques (tant d’habitants, tant d’ethnies…), images d’archives et évocations nostalgiques d’un passé révolu (l’équipe de base-ball du quartier et la destruction du stade…).

Mis à part que ces insertions ne sont pas très belles (cinématographiquement, une indigente platitude prédomine), elles donnent de Brooklyn une image qui me semble très artificielle.

Je le répète, je n’ai aucun goût pour le cinéma sociologique et je n’aurais pas plus aimé le film si Auster et Wang m’avaient plongé au cœur des turpitudes, d’ailleurs évoquées en loucedé, du quartier (le règne du crime et de la violence). Ce qui me gêne, c’est que ce film s’affiche comme un portrait vivant dudit quartier et qu’à la différence de Smoke (clairement romanesque), Brooklyn boogie semble prétendre à une certaine réalité « documentaire ».

Du coup, en ce qui me concerne, ça coince ! Et je ne peux pas m’empêcher de trouver le film, au pire, malhonnête ou, au mieux, totalement folklorique.

A l’écran, nous voyons une bande de gens très branchés qui se sont fait plaisir en improvisant  ensemble un petit film très « in ». Ce plaisir d’être ensemble se sent dans le jeu des comédiens (c’est le vrai point fort de ce film) et l’on peut y être sensible par intermittence.

Pour le reste, cette exaltation d’un certain art de vivre dans un quartier « populaire » (pour ne pas dire quartier totalement pourri !) n’est que pure vue de l’esprit et me semble représenter la quintessence d’un certain folklore « bobo » (comme on ne les appelait pas encore à l’époque !).

 

 

 

 

   

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