Kriminal (1966) d'Umberto Lenzi avec Glenn Saxson, Helga Liné, Andrea Bosic

Le retour de Kriminal (1968) de Fernando Cerchio avec Glenn Saxson, Helga Liné, Andrea Bosic

(Editions Artus Films) Sortie en DVD le 1er juillet 2014

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La nouvelle collection « Ciné-Fumetti » d'Artus s'étoffe aujourd'hui de trois nouveaux titres. Occasion rêvée de découvrir un genre très populaire en Italie mais que l'on connaît finalement assez peu en France. Pour ceux qui ignoreraient ce que sont les « fumetti », il convient de ne pas rater le générique de Kriminal puisque Lenzi nous propose un montage habile entre des images arrêtées de son film et des cases de la BD originelle.

Sauf erreur, Kriminal est la première des adaptations de ces bandes dessinées bon marché mettant en scène des génies du crime (la plus célèbre restant le Danger Diabolik de Mario Bava). Kriminal est un bandit de haut vol qui commet ses méfaits déguisé dans une combinaison qui fait de lui un véritable squelette vivant. Dans ce premier épisode, l'inspecteur Milton organise son évasion afin que le criminel les mène aux joyaux de la couronne anglaise qu'il a dérobés...

 

Kriminal, play-boy blond le jour et dangereux brigand la nuit, a des allures de Fantômas. Mais il se rapproche davantage du personnage sombre inventé par Allain et Souvestre et adapté à l'écran par Louis Feuillade que du héros bon enfant incarné par Jean Marais dans les sympathiques nanars d'André Hunebelle. Pour prendre un exemple parmi d'autres, Kriminal n'hésite jamais à tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin, y compris ses jolies conquêtes féminines.

Autre influence notable de ce genre de films : la saga des James Bond qui a débuté, avec le succès que l'on sait, au début des années 60 (James Bond 007 contre Dr No date de 1962) : même « héros » séducteur et amoral (même si Bond est du côté du « bien », il a le fameux « permis de tuer »), même esthétique « pop » et colorée (un comble pour des « fumetti » qui étaient publiés, à l'origine, en noir et blanc), même goût pour les gadgets curieux...

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Réalisé par le touche-à-tout du cinéma de genre italien Umberto Lenzi, Kriminal s'avère plaisant pendant 25 minutes puis l'intérêt du spectateur se délite petit à petit. La faute à un scénario un peu filandreux et à l'absolu manque de charisme de Glenn Saxson qui incarne le bandit au costume de squelette.

L'ensemble n'est pas désagréable mais on s'ennuie quand même un peu. Lenzi, qui assiéra sa réputation en réalisant des films d'horreur particulièrement éprouvants (l'horrible, à tous les sens du terme, Cannibal Ferox) se montre un peu mou. Un des défauts de ce film est de gommer les aspects les plus caractéristiques des BD (la violence, l'érotisme...) pour proposer une vision édulcorée et un peu trop lisse pour accrocher.

A ce titre, Satanik et son héroïne machiavélique était beaucoup plus percutant.

 

C'est Fernando Cerchio, vieux routard du cinéma populaire italien (Le vicomte de Bragelonne, Les mystères de Paris, La vallée des pharaons...) qui s'est chargé de réaliser Le retour de Kriminal. Cette suite s'avère presque meilleure que l’œuvre originelle dans la mesure où le scénario est plutôt mieux construit et la mise en scène a plus de tenue. Le début est même assez amusant puisque l'affreux Kriminal n'hésite pas, avec beaucoup de flegme, à assassiner de vieilles dames pour toucher les primes d'assurance. Le voilà ensuite embarqué dans une rocambolesque chasse au trésor devant le mener à des toiles de maîtres (un Rembrandt et un Goya). Il devra trouver quatre petites statues de Bouddha recelant chacune une partie de la carte menant au butin. On songe alors davantage à L'homme de Rio qu'aux cruels « fumetti ».

L'ensemble est assez enlevé même si le récit s'enlise un peu et finit par manquer de souffle. Comme pour le premier épisode, on regrette surtout le côté très édulcoré du film. Malgré la présence de la splendide Helga Liné, les deux Kriminal manquent cruellement de présences féminines et de cette pincée d'érotisme qui faisait le prix de Satanik. De la même manière, la violence est beaucoup trop atténuée pour forcer l'intérêt que l'on pourrait avoir pour ce genre de film.

 

Reste un sympathique parfum de la fin des années 60 : leurs couleurs acidulées et une esthétique « pop » qui, parfois, fait mouche (cette manière d'arrêter certaines images et de leur substituer une case de BD).

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Bonus. Comme d'habitude, le travail éditorial d'Artus est remarquable. Les films (présentés dans d'excellentes copies) sont agrémentés de bons suppléments. On pourra entendre, après avoir vu Kriminal, un entretien avec Umberto Lenzi tandis que David Didelot présente en long et en large la prolifique carrière de l'éclectique italien. Même si on peut sourire face à certains superlatifs employés à propos de Lenzi (qui n'est quand même pas un grand cinéaste), Didelot donne très envie de découvrir certaines de ses œuvres (en particulier ses « gialli »)

Quant à l'habitué Curd Ridel, il dissèque avec beaucoup de talent Le retour de Kriminal et fait un point salutaire sur cette célèbre saga de « fumetti »...

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