Walking Dead
Enterré vivant (1990) de Frank Darabont avec Jennifer Jason Leigh (Elephant Films) Sortie en BR et DVD le 12 décembre 2018
Je devais sans doute être la dernière personne au monde à n’avoir jamais vu le moindre film de Frank Darabont ! Pourtant, deux de ses adaptations de Stephen King (Les Évadés et La Ligne verte) font partie de ces titres régulièrement cités dans les référendums populaires des « meilleurs films de tous les temps » (on me permettra quand même d’en douter !). C’est également lui qui réalisera le pilote de la fameuse série The Walking Dead et qui sera producteur de la première saison avant d’être évincé.
Enterré vivant est son premier long-métrage et il a été tourné pour la télévision. Clint (Tim Matheson) est un bon gars de la campagne qui adore travailler le bois. Son épouse Joanna (Jennifer Jason Leigh) s’ennuie dans ce trou et rêve de retourner à New-York. Elle a une liaison avec le médecin du coin, Cort. Ce dernier lui fait miroiter un gros projet d’achat de clinique en ville mais a besoin d’une grosse somme d’argent pour le réaliser. Il complote alors avec Joanna pour empoisonner Clint (à l’aide des toxines inodores et incolores de poissons asiatiques) afin de vendre son affaire et empocher le pactole…
Le film se déroule en trois actes autour du motif de l’enfermement, thème qui semble intéresser le cinéaste puisque Les Évadés et La Ligne verte se déroulent dans des pénitenciers ! Le premier acte est celui de « l’enfermement » de la jeune femme dans un petit bled paumé avec un mari gentil et adepte de la pêche. Jennifer Jason Leigh interprète avec talent ce rôle de femme fatale de sous-préfecture, garce à souhait avec son nigaud d’époux. Pour échapper à cette situation, elle joue les Thérèse Raquin de bas étage avec son amant et parvient à empoisonner Clint.
Acte 2, comme le titre l’indique, Clint n’a pas succombé à la dose de poison et c’est lui qui se retrouve enfermé dans un cercueil six pieds sous terre. Assez rapidement, il se sort de cette situation délicate et, cette fois, c’est à The Walking Dead que l’on songe puisque notre homme devient un véritable mort-vivant et s’apprête à fomenter sa vengeance.
Acte 3 (mes aimables lecteurs qui s’apprêtent à découvrir le film sauteront ce paragraphe) : Clint trouve un moyen parfaitement astucieux pour enfermer à leur tour Joanna et son amant (un félon de la pire espèce). Au sens propre, ils se retrouvent comme des rats prisonniers d’un labyrinthe !
Sorti avec la salve des films fantastiques réédités par Elephant Films, Enterré vivant est avant tout un thriller reposant sur des ficelles un brin usées mais toujours efficaces. A part quelques fautes de goût patentes (cris réverbérés, ralentis hideux…), la réalisation est de bonne facture et ménage même quelques beaux moments de mise en scène lorsque Darabont filme les lieux comme un piège potentiel. La partie finale n’est pas très crédible mais si le spectateur ne se formalise pas trop, il pourra songer à ces séries criminelles d’antan flirtant avec le surnaturel (le film pourrait être un long épisode d’un Alfred Hitchcock présente voire de La Quatrième Dimension).
Le résultat n’est certes pas inoubliable mais il n’est pas désagréable non plus et on se laisse volontiers prendre à ce suspense qui parvient parfois à être angoissant.