L’héritage de la haine (1996) de James Foley avec Gene Hackman, Faye Dunaway

 undefined

J’ai découvert il y a peu James Foley avec Glengarry, adaptation plutôt maligne d’une pièce de David Mamet, servie par un casting hors pair (Al Pacino, Jack Lemmon, Kevin Spacey, Alec Baldwin, Ed Harris…). Il ne s’agit sans doute pas d’un renversant chef-d’œuvre mais il y a dans ce film un vrai talent donnant envie d’aller voir les autres films du cinéaste. Même si parmi ses œuvres, certaines risquent de ne plaire qu’aux indécrottables nostalgiques des années 80 (l’ineffable Who’s that girl ? avec Madonna), son Comme un chien enragé bénéficie toujours d’une certaine estime.

L’héritage de la haine est une adaptation du roman d’un des plus gros pourvoyeurs en scenarii du cinéma contemporain : John Grisham. Un jeune avocat décide un jour de défendre son grand-père, odieux membre du Ku Klux Klan condamné à mort pour le meurtre présumé de deux enfants juifs. Rien de bien nouveau, donc, sous le soleil des films de procès hollywoodiens (j’ai tendance maintenant à tous les mélanger !). Rien n’est original mais le récit est suffisamment bien construit pour capter, dans un premier temps, l’attention du spectateur. L’efficacité, il faut quand même le préciser, ne tient qu’à un certain sens de la narration car au niveau de la mise en scène, rien à signaler ! James Foley mettait plus d’invention (en terme d’utilisation de l’espace, de raccords, de mouvements dans le cadre…) lorsqu’il filmait une pièce de théâtre (Glengarry) que dans cet Héritage de la haine que rien, absolument rien, ne distingue d’un vulgaire téléfilm (même prédominance de champs/contrechamps en gros plans ou plans rapprochés, tout juste aérés par quelques plans de coupes sur la ville ou des trajets en voiture). C’est totalement indigent mais soyons honnête, ce n’est pas difficile de se laisser happer par les péripéties du récit. L’interprétation n’est pas inoubliable (le héros Chris O’Donnell est un ersatz assez fade de Tom Cruise, acteur déjà insipide à l’origine !) mais c’est toujours un plaisir de revoir Gene Hackman (qui a parfois ici des airs de Bill Murray lorsqu’il interprétait Steve Zissou dans La vie aquatique !) ou Faye Dunaway (même si on ne remarque ici que les rafistolages disgracieux de la chirurgie esthétique !).

Mais là où le bât blesse, c’est lorsque l’insipide téléfilm devient un affreux mélodrame assez douteux idéologiquement.

James Foley est visiblement, et c’est tout à son honneur, contre la peine de mort. Pour illustrer sa thèse, il montre que ce grand-père qu’il a d’abord pris soin de nous présenter comme un salaud (raciste, violent…) n’est peut-être que le produit d’un héritage familial et qu’il n’a pas eu d’autres choix que de sombrer dans la violence. Pourquoi pas ? Mais là où le film devient douteux, c’est lorsqu’il entreprend d’offrir à ce personnage une rédemption (les lettres adressées à ses victimes, qu’on suppose être des lettres de regrets) en prouvant qu’il y a pire que lui (ceux qui l’ont manipulé). Foley entretient de ce fait une certaine confusion et laisse penser, peut-être malgré lui, que ces « véritables » salauds mériteraient, pour le coup, d’être gazés !

Encore une fois, il ne s’agit pas de porter un jugement « moral » sur le film mais de constater qu’il est douteux par les procédés cinématographiques qu’il emploie. L’héritage de la haine est, effectivement, un atroce tire larmes, uniquement soucieux d’asséner ses thèses par le chantage permanent à l’émotion. A partir de là, toutes les bonnes intentions du départ sont annihilées par ce déferlement de violons, ce recours systématique aux procédés les plus grossiers pour faire pleurer dans les chaumières (gros plans sur des visages aux yeux embués, injustice patente du sort réservée, au bout du compte, au vieillard…).

Nous sommes à l’extrême opposé de l’incroyable intelligence d’un Lang lorsqu’il tournait l’invraisemblable vérité. 

La réflexion a laissé place à un vil racolage qui ne cherche qu’une chose : prendre en otage le spectateur dans l’étau de l’émotion la plus facile…

 

 

Retour à l'accueil