IKU (Orgasme) (2000) de Shu Lea Cheang

 

Je le reconnais bien volontiers : l’une des raisons pour lesquelles j’ai regardé ce film n’est pas très honorable. Il est temps donc de confesser aujourd’hui mon goût pour la chair asiatique, plaisir coupable qui m’a poussé à continuer mon tour du monde du cinéma érotique même si je connaissais le risque encouru en m’éloignant des glorieuses années 70 pour m’approcher de nos sinistres années 2000 !

La deuxième raison est plus avouable et elle est véridique : j’estime que les asiatiques sont les seuls à avoir réussi à offrir des propositions intéressantes dans le cadre d’un genre (le cinéma érotique) voué le plus généralement (bien malheureusement !) à la médiocrité.

Si vous n’avez jamais eu l’occasion de voir un « pinku ega » (film rose japonais), je vous recommande de tenter l’expérience : ça n’a rien à voir avec les cucuteries diffusées autrefois sur M6 ! 

Malheureusement, si les japonais furent capables du meilleur, ce IKU réalisé par une « artiste numérique » taïwanaise est sans doute ce que j’ai vu de pire dans le genre. Résumer le film est une gageure que je ne tiendrai sans doute pas. En gros, nous voilà projetés dans un futur proche, en compagnie d’androïdes femelles venues sur terre pour étudier les mystères de l’orgasme. A partir de ce point de départ minimaliste, Shu Lea Cheang fait se succéder des scènes érotiques sans queue ni tête (si j’ose dire !) frisant parfois la pure pornographie le temps de quelques secondes.

Pour l’occasion, la cinéaste adopte un « style » qui, d’après moi, est radicalement incompatible avec le moindre érotisme, à savoir celui du clip. Pas un plan n’est construit, la caméra est incapable de fixer la moindre scène (ça tremblote, ça gigote à la diable…), le montage parkinsonien est épuisant, la photo est absolument immonde (toutes les scènes dégueulent d’horribles lumières artificielles et colorées) et ni les personnages, ni les corps n’ont le temps d’exister un millième de seconde ! A cela il faut ajouter une musique techno atroce (pléonasme !), des incrustations totalement gratuites, des effets numériques abominables (ah ! ces plans récurrents adoptant le point de vue d’une caméra  virtuellement placée au fond d’un vagin ! Mais que c’est laid !) et une incroyable complaisance pour un univers agressif, bruyant et désincarné.

D’une certaine manière, IKU est une espèce de parangon de l’horreur contemporaine : le sexe est totalement réifié, mercantilisé et enlaidi. Il n’y a plus ni désir, ni sentiment mais le règne du tout virtuel, du cyber-sexe et des hommes-machines qui s’expriment bien évidemment en anglais (je suppose que le japonais n’est pas assez « branché » pour l’artiste !). 

Nul doute que la cinéaste ne se prend pas pour la première pornocrate venue (le film est d’une infinie prétention) et les quelques audaces (bien relatives) qu’elle se permet le sont sous couvert « d’art moderne » alors qu’en fait, elle ne fait qu’adapter à l’époque d’Internet les nanars clipeux d’Adrian Lyne et de Zalman King.

Le résultat est d’un ennui incommensurable (le film dure à peine 1h 15 mais j’ai eu le sentiment qu’il en faisait le double !) et s’avère hideux de bout en bout.

A éviter, donc…

 

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