Patricia, un voyage pour l'amour (1980) d'Hubert Frank avec Anne Parillaud



J'ai un peu honte de débuter l'année 2009 en abordant un obscur nanar érotique qui fit autrefois les beaux soirs de la case rose du dimanche sur M6. D'autant plus honte qu'attendent dans les rayons de ma bibliothèque tous les films de Jacques Demy ! N'allez pas croire que je n'ai pas ouvert mon coffret depuis Noël : j'ai tout de même regardé les courts-métrages du grand Jacques (dont le magnifique Le sabotier du Val de Loire qui m'a fait comprendre mes réticences face au dernier Depardon) et l'excellent documentaire d'Agnès Varda L'univers de Jacques Demy.

Entre parenthèse, j'aurais dû ajouter une catégorie à mon palmarès 2008 : celle des films jamais vus alors qu'ils traînent depuis plus ou moins longtemps sur mes rayons (je pense à Scènes de la vie conjugale de Bergman, La Marquise d'O de Rohmer ou encore City girl de Murnau et La créature invisible de Michael Reeves). 

Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos cochons puisque c'est généralement à ce sympathique animal que le genre cinématographique abordé ici est associé.

(Vous aurez compris que ces digressions oiseuses ne présagent rien de bon quant à la qualité de l'œuvre analysée dont je n'ai absolument rien à dire !)


Je prie mes aimables lectrices de bien vouloir me croire et de ne pas voir dans cette obsession pour le cinéma érotique le syndrome d'une paraphilie galopante. Si c'était le cas, je me contenterais des menus beaucoup plus épicés et faciles d'accès proposés par la toile : ça serait à la fois plus « raide » que cet érotisme antédiluvien et moins soporifique que cette interminable heure et demie de niaiseries kitsch et ringardes.

Pourquoi alors, me direz-vous, avoir regardé ce machin ? D'abord parce que je suis en train de lire les mémoires de Jean Rollin et que le cinéaste écrit à la page 50, non sans une certaine justesse : « J'ai toujours pensé que le « cinéphile sérieux » qui méprise l'érotisme n'est qu'un pisse-froid » ; ensuite, pour les mêmes raisons qui ont poussé des distributeurs à offrir des salles à l'obscur Hubert Frank dont peu de films sortirent chez nous : les débuts d'Anne Parillaud.

C'est toujours amusant de voir les premiers pas dénudés des actrices vouées à une future renommée (Anne Parillaud s'avèrera une fort bonne actrice chez Breillat, Ruiz ou Landis). Après avoir découvert les premiers rôles de Christine Boisson dans Emmanuelle et d'Emmanuelle Béart chez David Hamilton (l'abominable Premiers désirs), je me devais (conscience professionnelle oblige !) de contempler les premiers déploiements d'ailes de la toute jeunette Anne Parillaud (elle devait avoir 19 ans au moment du tournage) avant qu'elle ne soit révélée par sa transcendance Alain Delon dans deux films que je ne regrette pas de ne pas avoir vus : Pour la peau d'un flic et Le battant.

Au-delà de la nullité intrinsèque du film (une vague histoire d'héritage que tentent de récupérer plusieurs personnages), c'est surtout le profond ennui qu'il dégage qui exaspère.

C'est seulement au bout d'une demi-heure que nous aurons enfin droit à une scène un peu plus salée (le classique passage des amours saphiques entre jeunes filles) mais elle est tellement mal filmée (musique de supermarché, image solarisée à grands coups de sources lumineuses placées derrière les amantes (à l'eau) afin de créer une espèce d'halo lumineux autour des corps...) qu'elle ne parvient pas à nous tirer de notre torpeur.

Tout le film restera de ce niveau : Anne Parillaud exhibe volontiers sa poitrine gracile, entame un pas de danse cul nu et se pâme dans les bras de ses amants (les gueules de playboys des acteurs du film ! C'est tout un poème !) mais elle dégage à peu près autant d'érotisme qu'une séance plénière à l'assemblée nationale ! La belle n'est pas en cause (elle joue plutôt mal mais elle est agréable à regarder) : personne ne peut survivre à un très gros plan de téton qui se dépose au ralenti sur un torse velu !

Le résultat est plus ridicule qu'affligeant (encore que !) mais donne quand même l'impression d'avoir perdu un temps précieux qu'on aurait pu employer de manière plus judicieuse en lisant, par exemple, les romans du grand Westlake qui vient de nous quitter.

Tchao Donald ! ...

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