Le beau temps et de nombreux livres m’ont tenu éloigné des salles obscures cette semaine. J’ai toutefois jeté un petit coup d’œil aux programmes télévisuels et vous livre aujourd’hui un bref bilan.

 

 

 

Vive le sport (1925) de Fred Newmeyer et Sam Taylor. Excellente initiative de la chaîne « Classic » qui poursuit son cycle consacré à Harold Lloyd, l’homme aux lunettes d’écailles. Une fois de plus, Harold cherche à imposer sa singularité dans un univers où règne le conformisme le moins reluisant, rejetant la moindre différence. Nous suivons ici son intégration à l’université où il rêve de devenir l’étudiant le plus populaire. Mais sa maladresse et sa naïveté vont lui valoir toutes les moqueries imaginables… Comme Monte là-dessus, le film est désopilant, regorgeant de gags délirants (la séquence du bal où Harold doit sans arrêt se faire recoudre son costume est poilante, tout comme le fameux match final qui verra son triomphe).  La beauté du film, c’est sa manière de prôner l’épanouissement individuel contre l’imitation moutonnière. Harold triomphera en oubliant de singer ses idoles et en devenant lui-même. On ne se lasse pas de découvrir ce grand maître du burlesque injustement oublié…

 

 

 

Patrick (1978) de Richard Franklin. Ce film fait partie des belles réussites du cinéma fantastique australien qui ne se limite donc pas, que cela se sache, à Peter Weir. Je connais très mal la carrière de Franklin même si je conserve un bon souvenir de Link, très estimable film fantastico-simiesque. Patrick narre le récit d’un jeune homme sur son lit d’hôpital (le « légume » comme l’appelle le personnel médical) et ses relations troubles avec une jeune infirmière. La scène d’ouverture où l’on voit Patrick assassiner sa mère est magistrale. Par un jeu très fin sur l’échelle des plans, sur le cadre, les reflets (tout semble vu depuis l’œil du meurtrier), Franklin nous gratifie d’une séquence totalement baroque et affirme sa maîtrise de la mise en scène. Cette maîtrise ne se démentira pas par la suite même si le film devient plus « classique ». L’intérêt du film, qui fait la part belle à la télékinésie, réside dans cet écart entre une horreur qui peut jaillir n’importe où et n’importe quand (un homme manque de se noyer dans une piscine, un appartement est dévasté…) et ce qui semble être à la source de cette horreur (cet homme immobilisé sur son lit, dans le coma). Franklin joue sur cette tension et réussit un film d’épouvante clinique assez flippant en parvenant à éviter les clichés du genre. Une jolie découverte.

 

 

 

Flagrant désir (1986) de Claude Faraldo. Joli titre pour un film totalement raté. Faraldo fut l’une des figures de proue du cinéma contestataire de l’après-68. Ici, nous serons bien en peine de retrouver les éclairs subversifs qui faisaient le sel de Themroc (ce film où les acteurs ne s’exprimaient qu’en borborygmes et où l’on mangeait du flic au sens propre !). Le cinéaste lorgne plutôt du côté de Chabrol (une enquête criminelle qui dévoile peu à peu les turpitudes d’une grande famille de viticulteurs dans le Médoc) mais un Chabrol anémié. A part quelques beaux plans « cartes postales » sur la campagne du sud-ouest, Flagrant désir ne s’élève pas au-dessus d’une certaine platitude téléfilmique  et ennuie constamment. Les acteurs sont totalement fades (Sam Waterston) ou en font des tonnes (Marisa Berenson et surtout l’ineffable Bernard-Pierre Donnadieu). Seule la charmante Anne Roussel s’en sort mais le résultat est fort décevant.    

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