Les contrebandières (1969) de Luc Moullet avec Françoise Vatel

 

Avant d’aborder la nouvelle étape de notre grand « Moullethon » (je rappelle que dans six moi, ce Luc là doit être plus connu que Besson ! Internautes, encore un effort si vous voulez être révolutionnaires…), un petit mot du Déclic de Jean-Louis Richard diffusé juste avant les contrebandières. Un mot suffira d’ailleurs pour définir cette adaptation de la célèbre BD de Manara : pitoyable ! Mais il y a Florence Guérin qui reste l’un de mes plus fantasmes les plus vifs de préado et si j’étais trop jeune pour voir ses films lors de leurs sorties en salles (ils étaient interdits au moins de 13 ou 18 ans), je m’étais juré de découvrir un jour la bonne (c’est fait depuis quelques années) et ce Déclic devenu très rare. Florence reste toujours aussi belle (mais qu’est-elle devenue ?) mais on peut se dispenser de ses œuvres (quoique La bonne n’est pas totalement mauvais).

Venons-en à Moullet. Dans les contrebandières, nous retrouvons l’une des deux Brigitte de son film précédent (la délicieuse et sexy Françoise Vatel) mais elle a désormais quitté Paris pour s’installer à la frontière franco-mexicaine (sic !) et s’y adonner à la contrebande. Elle agit pour le compte d’un douanier corrompu qui, en outre, fait travailler une autre contrebandière (Francesca) de l’autre côté de la frontière. Ce sont les aventures saugrenues de ce trio pas comme les autres que nous allons suivre.

Comme tous les films de Moullet, Les contrebandières est un objet non identifié (il n’existe pas un autre film semblable à celui-là dans toute l’histoire du cinéma et les détracteurs du bonhomme pousseront sans doute un « ouf » de soulagement) pratiquement impossible à décrire.

D’humeur montagnarde, le cinéaste soigne ici plus sa mise en scène que dans le brouillon bouillonnant Brigitte et Brigitte et utilise plutôt bien son imposant décor naturel (beaucoup de gags naissent des trajectoires, des positionnements des personnages dans le champ…). Quand à la narration, elle est pratiquement toujours prise en charge par les voix-off des individus et le film ne comporte quasiment aucun dialogue (je pense que ce principe devait revenir moins cher que la post-synchronisation !).

Nous assistons donc à des pérégrinations rupestres totalement décalées et farfelues où Moullet fait preuve de son sens de l’absurde (nos deux contrebandières se retrouvent la cible favorite des douaniers, ce qui semble logique, mais également du syndicat des contrebandiers qui revendique les allocations chômage pour ses passeurs et qui traque avec un hélicoptère les non-syndiqués !) sans jamais craindre de friser le n’importe quoi (cette perche qui surgit soudain du ciel pour dégrafer le soutien-gorge de Brigitte qui a l’habitude, ne me demandez pas pourquoi, de travailler en maillot de bain et de se balader ainsi dans les vastes étendues alpines)

Une fois de plus, notre hurluberlu de cinéaste se retrouve du côté de la série Z en tournant cette parodie de film d’aventures qui se termine par un hilarant tableau de la vie de bureau (avec cet adage que je vous demande de retenir en ces périodes troublées : « voler cinq minutes de travail à son patron met de bonne humeur et augmente le rendement des employés »). Trouver un sens à ces balades sportives en plein air, ces courses-poursuites où s’enchaînent des escalades et des traversées de fleuve à la vitesse d’un escargot sous Prozac relèverait de la plus pure science-fiction. Mais bon, est-ce que le cinéma n’est pas aussi dans ces gestes simples d’humer le grand air, de concocter deux ou trois gags idiots et de regarder de jolies filles  en tenues légères ?

Je pose la question en toute innocence car en ce qui concerne Moullet, je me demande si quelqu’un est en mesure de répondre et de déterminer vraiment si c’est de l’Art ou du cochon…

 

NB : Pour poursuivre notre découverte de Luc Moullet, un excellent panorama ici.

Retour à l'accueil