Goha (1958) de Jacques Baratier avec Omar Sharif, Daniel Emilfork, Claudia Cardinale

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Je dois le confesser bien humblement : je n’avais vu jusqu’à hier soir aucun film de Jacques Baratier et j’aurais été bien incapable de vous citer un titre réalisé par ce cinéaste à part peut-être Dragées au poivre qui est resté dans les histoires du cinéma à cause de son casting (le couple Bedos/ Daumier auquel il faut ajouter Anna Karina et Jean-Paul Belmondo).

Décédé il y a maintenant plus d’un an (fin 2009), le cinéaste semble désormais sortir de son purgatoire puisque la Cinémathèque lui consacre une rétrospective et que la chaîne câblée Cinécinéma Classic lui rend hommage en diffusant quatre de ses films. 

 

Goha est son premier long-métrage et un hommage rendu à la beauté du monde arabe dont Baratier est tombé amoureux 10 ans plus tôt en partant à l’aventure à travers l’Afrique.

Ca pourrait être un conte des Milles et une nuits puisque le film débute par un homme qui propose à une assemblée de raconter une histoire. Après que la majorité ait opté pour une « histoire d’amour », le narrateur débute l’histoire de Goha, un jeune homme naïf qui fait la fureur de son père et qui parviendra à se faire aimer d’une jeune femme tout juste mariée avec un respectable professeur chenu…

Tourné en Tunisie, le film de Baratier a le mérite de ne jamais jouer la carte de l’exotisme colonial. Il s’agit pour le cinéaste de réellement se confronter à la culture arabe et de nous offrir un conte oriental respectant les traditions. L’œuvre est un peu l’anti-Ali Baba et les 40 voleurs de Becker : dans Goha, tout le monde parle arabe et l’on sent que celui qui filme est fortement imprégné de cette culture, qu’il la connaît et l’apprécie à sa juste valeur.

Est-ce que cela suffit à faire un bon film ? Je n’en suis malheureusement pas persuadé. Goha souffre d’une mise en scène un peu poussive et d’un récit trop maigrelet pour vraiment captiver. Pour être tout à fait honnête, il m’est arrivé de laisser mon esprit divaguer pendant le film et je serais incapable aujourd’hui de vous expliquer comment l’un des personnages meurt (je ne vous dis pas lequel !). Quant à la naïveté du personnage principal toujours accompagné de son fidèle âne, elle finit par déteindre sur un récit qui paraît aujourd’hui un peu trop désuet.

Reste alors quelques miettes pas désagréables à piocher ça et là.

D’abord, le casting improbable du film où Baratier découvre, s’il vous plaît, un tout jeune Omar Sharif et une encore plus jeune Claudia Cardinale dont c’est le premier long-métrage. A côté de ces deux futures stars, on reconnaît également l’étonnant Daniel Emilfork qui compose ici un musicien aveugle assez attachant.

Ensuite, Baratier parvient à réussir quelques très jolies scènes et je dois avouer que la fin est plutôt réussie.

Enfin, Goha n’est pas dénué, par moment d’une certaine fantaisie et d’humour. De l’âne qui suit des cours à l’université (Pourquoi pas ? Zo d’Axa avait bien proposé la candidature de l’âne Nul aux élections municipales et force est d’admettre que la brave bête aurait sans doute témoigné de plus d’humanité et de compétences que n’importe quel élu UMP !) au gag des lunettes dans le salon de coiffure ; Baratier saupoudre son récit d’un humour pas désagréable qui vire parfois à la fantasmagorie (lorsque des portraits se mettent à vivre et à conseiller à l’illustre professeur de jeter son dévolu sur une jeune épouse alors qu’il a largement dépassé l’âge canonique).

Le résultat n’est pas totalement convaincant mais les amateurs de curiosités y jetteront un œil intrigué…

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