Et les scarabées chantaient...
Help ! (1965) de Richard Lester avec Les Beatles

Le mois d’avril va nous permettre de revivre virtuellement le fameux duel entre les deux groupes de rock les plus mythiques de tous les temps. Les zélateurs des Rolling Stones se précipiteront dans les salles obscures pour voir ce que vaut le concert capté par Scorsese tandis que les fans des scarabées resteront devant leurs postes de télé pour savourer l’hommage rendu au groupe de John Lennon par TPS.
Je pense que je ne vais rien vous apprendre mais il faut effectivement savoir que Les Beatles ne furent pas seulement le groupe que l’on sait mais également, à l’instar des Shadows ou des Martin Circus, un team comique dont les prestations filmiques ringardes ne resteront sans doute pas dans les mémoires (je mets entre parenthèses Quatre garçons dans le vent (A hard day’s night) du même Lester qui jouit d’une bonne réputation).
Cinéaste britannique, Richard Lester a souvent réalisé des films comiques absurdes et nonsensiques mais j’avoue qu’ils ne m’ont jamais convaincu. Je garde de La souris sur la lune le souvenir d’un film totalement lamentable. Quant à L’ultime garçonnière, malgré la présence au générique du grand Spike Milligan, c’est un film qui a plutôt mal vieilli.
Comme Help ! ne relève pas franchement le niveau, il faut croire que ce cinéaste est plus doué pour les autres genres, que ce soit la comédie dramatique (Pétulia est intéressant) ou le film d’aventures à l’ancienne (je ne l’ai pas vu mais La rose et la flèche est un film assez coté chez les cinéphiles).
Pour le dire très simplement, Help ! n’est pas réellement un film mais un vague prétexte à montrer quelques numéros chantés des Beatles. Ces passages non-diégétiques (ils ne s’intègrent absolument pas dans le récit) sont cependant ce qu’il y a de meilleurs dans le film et même les néophytes comme moi (je ne possède aucun disque du groupe) peuvent prendre du plaisir à l’écoute des titres joués par les Beatles (citons plus particulièrement les deux plus célèbres tubes du film : Help ! bien sûr mais également Ticket to ride).
Entre ces clips vieillots, Lester enchâsse une improbable histoire de membres illuminés d’une secte indienne à la poursuite de Ringo qui détient un anneau sacré permettant la mise à mort de victimes sacrifiées. Trame délibérément ringarde qui donne lieu à une succession de gags absurdes et délirants (rappelons que John Lennon est recensé par Robert Benayoun dans son livre sur Les dingues du nonsense). Malheureusement, la mise en scène est si paresseuse et sans rythme que la plupart d’entre eux tombent à l’eau. Même les films des Zucker/Abrahams possèdent plus de rigueur : c’est dire !
Incapable de construire un tant soit peu sa comédie, Lester s’en remet totalement à ses comédiens qui, avouons-le, ne sont pas très convaincants (ils sont meilleurs musiciens !). Bien sûrs, quelques gags ponctuels pourront arracher quelques sourires (le palet de curling qui explose, libérant un trou dans la glace dans lequel se trouve un plongeur qui demande la direction des falaises de Douvres avant de replonger) et l’on admirera quelques trouvailles de décors (la maison des quatre garçons, très colorée, est assez sympathique).
Mais c’est quand même un peu juste pour nous éviter quelques bâillements même si l’entreprise n’a rien d’antipathique.
Je conseillerais pour ma part aux amateurs de parodies de films d’espionnage de revoir l’hilarant Quand la panthère rose s’emmêle de Blake Edwards : c’est quand même autre chose !