Ocean’s twelve (2004) de Steven Soderbergh avec George Clooney, Brad Pitt, Matt Damon, Andy Garcia, Catherine Zeta-Jones, Julia Roberts, Vincent Cassel

 

 

 

La première image qui vient en découvrant Ocean’s twelve c’est celle, rassurante, d’un bon bain chaud. Je dirais même plus que le bain moussant est peut-être la métaphore qui convient le mieux pour définir d’une manière générale le cinéma de Soderbergh (après les films-sandwichs et les “films de gare”, vous allez dire que je ne me foule pas pour trouver mes métaphores mais, ma bonne dame, on fait ce qu’on peut !).

Soderbergh n’est pas quelqu’un qui cherche à fouetter le sang du spectateur avec une douche froide. Plutôt le prendre délicatement par la main et le plonger dans un univers calfeutré, doux et parfumé qui lui est familier. Nous voilà donc repartis avec Mr Océan/Clooney et toute sa bande de sympathiques cambrioleurs. Suite à leur premier coup, la victime du casse se venge et retrouve un par un tous les membres du groupe pour les obliger à rembourser très vite (plus intérêts) ce qu’ils ont pris. La meilleure solution étant, bien entendu, de préparer un nouveau gros coup pour trouver les fonds…

 

 

Le premier point commun du film avec notre fameux bain moussant, c’est que nous y entrons sans la moindre difficulté. Les scènes d’exposition sont un régal d’intelligence et de virtuosité. Soderbergh semble s’amuser à multiplier les mouvements de caméra alambiqués, à jouer sur le hors-champ, la transparence et les reflets. D’un autre côté, même composé comme un puzzle, le récit reste limpide et titille sans arrêt la curiosité du spectateur. Il faut ensuite se laisser aller en compagnie d’acteurs qui s’amusent visiblement et qui sont tous vraiment très bien (avec quelques nuances : Clooney et Zeta-Jones pour le vraiment positif et Cassel un peu déphasé pour le négatif). C’est ce que je vous disait : un bain moussant. On se détend, on se relaxe, c’est chaud et agréable avec en plus ce côté très « glamour » de ce luxe qu’on s’autorise  parfois (alors qu’une bonne douche avec du savon de Marseille et un gant de crin est peut-être plus efficace pour se laver. Je vous laisse libre de choisir à quel cinéma cette image un brin plus spartiate vous fait penser…).

 

 

Une fois dit cela, il n’y a pas grand chose à ajouter et comme notre fameux bain moussant, une fois que l’eau commence à tiédir, on trouve ça un peu futile. Mais est-ce que Soderbergh a déjà fait autre chose que du futile ? Pour moi, j’ai toujours l’image de l’étudiant de cinéma surdoué, qui sait parfaitement tout imiter mais qui n’a pas réellement de personnalité. Tous ses films sont des exercices de style qui paradoxalement reflètent une absence de style. Il a d’abord commencé par l’exercice de style « auteurisant » (Sexe, mensonges et vidéo), avant de sombrer dans l’exercice de style prétentieux « à l’européenne » (Kafka) et se reprendre avec des exercices de style policiers (Hors d’atteinte, A fleur de peau) ou judiciaires (Erin Brokovitch) bien ficelés.

 

 

Ocean’s eleven et Ocean’s twelve s’inscrivent dans la lignée des comédies policières américaines d’un Jules Dassin, par exemple. Soderbergh y ajoute un peu de sophistication formelle et une bonne louchée de second degré et l’affaire est dans le sac. Ce n’est même pas une critique car j’ai trouvé assez drôle les clins d’œil du film (l’arrivée impromptue de Bruce Willis dans son propre rôle) et j’aime beaucoup ce moment où Tess (Julia Roberts) décide de se faire passer pour… Julia Roberts (à cause d’un petit air de ressemblance). Cette constante dérision est à la fois assez savoureuse et un peu vaine. Si bien qu’on en arrive à trouver, dans le genre relecture de la comédie policière d’antan, un film comme l’affaire Thomas Crown de McTiernan plus abouti et plus passionnant.

 

 

Mais, selon la formule consacrée, il ne s’agit pas de bouder son plaisir (vous faites ce que vous voulez mais il ne me viendrait pas à l’esprit de refuser de prendre un bain moussant en compagnie de Catherine Zeta-Jones) mais on aimerait parfois que ce caméléon si brillant de Soderbergh sorte de ses exercices d’école et nous montre un peu plus ce qu’il a dans le ventre. 

On pourrait alors avoir de bonnes surprises…

 

 

 

 

 

 

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