Le retour des morts-vivants (1973) d’Amando De Ossorio

 

 

Nous avions laissé la planète dans un triste état à la fin de La révolte des morts-vivants. Les zombies avaient proliféré et laissé un chantier préfigurant une apocalypse peu reluisante. Au début du Retour des morts-vivants, deuxième opus de la tétralogie ibèro-zombiesque (l’Ibère a été rude !) d’Amando De Ossorio, l’ordre semble rétabli et la planète va mieux, je vous remercie.

Prologue. Il y a 500 ans, les paysans d’une petite bourgade reculée s’en prennent aux templiers et les brûlent vifs en ayant pris soin avant de les rendre aveugles, au cas où une incinération ne suffirait pas (d’où le titre espagnol du film qui aurait du être traduit plus justement par « l’attaque des morts sans yeux »). Les plus cultivés de mes lecteurs noterons au passage que ces templiers devaient déjà être à la base des morts-vivants puisque l’action du prologue est censée se situer en 1472 (en gros) alors que l’ordre des templiers a disparu au début du XIVe siècle (merci Robert !). Ceci dit, je demanderai aux plus cultivés de mes lecteurs de ne pas commencer à m’interrompre dès le début de cette note sinon on ne va pas s’en sortir et je ne suis pas prêt de passer à table !

 

 

500 ans plus tard, c’est la fête au village mais c’est aussi le moment où les templiers vont accomplir la vengeance qu’ils avaient annoncée. De Ossorio fait à nouveau ressortir les morts des tombes : la photo est toujours très belle mais je le soupçonne également d’avoir repris tel quel certains plans du premier film (que voulez-vous : choc pétrolier = crise = économies !). Une fois dehors, nos templiers énucléés enfourchent à nouveau leurs montures et rempilent dans le crime. On notera qu’un demi-millénaire sous terre ne les a pas rendu plus dégourdis et qu’ils se déplacent toujours avec autant d’énergie qu’un joueur de djembé  ayant fumé trois sticks !

Prenez cette séquence très drôle où un vilain drôle, moustachu de surcroît, arrive après avoir insisté lourdement, à se retrouver dans le lit d’une jolie blonde. Nous les retrouvons après qu’ils aient fait ce qu’ils avaient à faire et notre damoiselle s’avère boudeuse (éjaculateur précoce ? haleine de fumeur ? fan de Michel Sardou ? ) alors que monsieur rayonne et fume. Soudain, on frappe à la porte ! Ciel ! qui ça peut-il bien être ?  (nous, nous savons qu’il s’agit des templiers mais l’état zombiesque ne dispense pas d’un certain savoir-vivre et on n’entre pas chez les gens sans frapper !). « Est-ce que c’est ton père ?» s’exclame notre ineffable moustachu  en se planquant. Sa maîtresse va regarder par la fenêtre et hurle lorsqu’elle voit la tête de mort qui la fixe. En entendant ça, l’autre crétin veut aller vérifier ce qui se passe sans croire sa dulcinée qui hurle de ne pas ouvrir les volets. Et bien figurez-vous qu’il le fait et le regrettera amèrement puisqu’il ne sera plus en mesure d’écouter Michel Sardou avec ce que lui font subir les templiers (c’est un peu n’importe quoi, ce que j’écris là. Faut que je me modère sur la cocaïne !). De plus, nous nous rendons compte que les invités indésirables ont fait des salamalecs avec cette histoire de porte alors qu’il suffisait de la pousser un peu pour rentrer. Mais pour une fois, nous avons affaire à une héroïne un peu plus énergique qu’une militante Douste-Blazyste et elle arrive à filer en enfourchant un cheval emmailloté de ses agresseurs. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que ces chevaux ne se déplacent qu’au ralenti ! Le cinéaste filme effectivement chaque cavalcade des morts-vivants au ralenti avec force chœurs gothiques en fond sonore. Mais lorsque notre demoiselle peut enfin s’échapper et que l’on constate effondré que le cheval part une fois de plus au ralenti, on se dit que l’effet recherché par le cinéaste se révèle cette fois totalement abscons.

 

 

Bref, vous aurez compris que c’est un peu n’importe quoi mais que c’est pour ça que c’est drôle. Le scénario, démarquant cette fois sans vergogne la nuit des morts-vivants de Romero (avec des zombies faisant le siège d’une église où s’est réfugié un petit groupe de survivants emmené par un héros Dick Riversien), ménage de grands moments de flottement splendouillet (on tente d’avertir le gouverneur mais il est persuadé que tout les fêtards sont beurrés comme des petits Lu et comme il se fait tard (eh ! eh !) , il se couche avec une demoiselle que je n’ai pas identifié et n’envoie pas des renforts ce qui, entre nous soit dit, permet de limiter ainsi le budget figuration).

 

 

Ce n’est pas tout ça mais je commence à avoir faim et je me rends compte que je ne vous ai pas parlé du film. Mais comme c’est un peu la même chose que La révolte des morts-vivants , je vous renvoie à la note ad hoc. Notons cependant quelques très beaux moments où le hiératisme de ces zombies aveugles fait merveille, notamment dans cette scène assez cruelle où le vilain maire envoie aux templiers une petite fille comme appât pendant qu’il cherche à rejoindre une voiture. 

Notons également qu’on aurait pu épargner des vies humaines si tous ne s’étaient pas précipités pour tenter de s’enfuir. En effet, au petit matin, les morts-vivants s’effritent sans la moindre explication valable mais de manière assez esthétique.

J’espère que même si je vous ai dévoilé la fin, vous aurez quand même envie de découvrir cette série Z aussi charmante que surannée…

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