Eisenstein au Mexique
Que viva Mexico ! (1931-32) de Sergueï M. Eisenstein
Des images tournées par Eisenstein pour ce film inachevé ont été tirés de nombreux montages allant de 35 minutes à plus de 5 heures ! La version d’une heure 20 que j’ai découvert m’a plutôt séduit et m’est apparue comme l’une des plus belles réussites d’Eisenstein. J’ai revu dans la foulée Alexandre Nevski qui m’a un tantinet déçu. Mise en scène admirable (la fameuse séquence de 35 minutes consacrée à la bataille entre les guerriers d’Alexandre et les chevaliers teutoniques) mais plombée par la propagande et l’idéologie (le film n’est finalement que la contribution d’Eisenstein à l’effort de guerre des soviétiques contre l’Allemagne). En découvrant le Mexique, le cinéaste abandonne un peu son idéologie au profit de la pure fascination. Les séquences documentaires montrant un univers édénique au début du film rappellent le Tabou de Murnau et Flaherty. Le cinéaste filme ensuite des cérémonies religieuses, une corrida où son sens du cadre et de l’espace fait merveille. Arrive ensuite une séquence plus romancée où des paysans pauvres cherchent à se venger des propriétaires qui ont violé la fiancée de l’un d’entre eux. En filmant la misère et la révolte, Eisenstein retrouve son souffle épique et son lyrisme qui culmine lors de ces images saisissantes où ces malheureux sont enterrés vivants et piétinés par des chevaux.
Le cinéaste n’a pas pu tourné l’épisode consacré au Mexique insurgé. Dans la mesure où nous préférons Zapata et Pancho Villa à Lénine et Staline, nous pouvons dire que c’est dommage…