Splendid navet !
Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres (1977) de Raymond Lewin avec Pierre Doris, Gérard Jugnot, Romain Bouteille, Josiane Balasko, Martin Lamotte, Thierry Lhermitte.
Cédons une fois de plus au plaisir de vous conter une petite anecdote personnelle. C’est adolescent que j’ai découvert l’existence de ce film. A cette époque, parfum de l’interdit oblige, je m’amusais à parcourir dans les quelques numéros de Pariscope que je possédais les titres des films sulfureux (ceux qui avaient le carré blanc) et des films pornos (depuis, c’est toujours les titres que je préfère lorsque je me penche sur le genre). Ca n’a l’air de rien mais c’est le fait qu’ils aient été interdits au moins de 18 ans qui m’a donné une furieuse envie de découvrir Sauve qui peut la vie et Masculin, féminin de Godard ou encore certains Fassbinder. Je ne vais pas improviser ici une psychanalyse sauvage mais ce goût de la transgression a compté énormément lorsqu’il s’est agit de forger ma cinéphilie…
Or en découvrant un jour la liste des films pornos du catalogue de mon vidéo-club (il est évident qu’il était hors de question que je loue un film de ce genre !) , j’eus la surprise de découvrir le titre du film dont il est question ce soir et surtout de constater qu’il était interprété par l’équipe du Splendid qui était, à l’époque, ma référence absolue (temps béni où avec mes frères et mes cousines, nous récitions par cœur les dialogues du Père noël est une ordure et des deux Bronzés). Par la suite, sans avoir beaucoup de précision, il m’est arrivé d’entendre parler du « porno » du Splendid et ce film est resté longtemps un mystère pour moi.
15 ans après, j’ai enfin vu ce film et, disons-le tout net, c’est l’arnaque du siècle ! Non pas que l’idée de voir Jugnot copuler avec Balasko m’ait fait relever la nuit mais le fait d’avoir classé ce film au rayon « X » relève de la pure escroquerie.
Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres repose sur une idée unique : mettre une bande de comédiens comiques dans une salle où est projeté un film porno et les laisser improviser des commentaires sur ladite œuvre.
Le résultat est consternant !
Quelques extraits toujours très « soft » (l’esthète amateur de chairs fraîches et appétissantes devra se contenter de quelques fugaces poitrines) entrecoupent un balayage régulier de la salle où les remarques sont censées fuser ! Niveau zéro de la mise en scène ! Quant aux dialogues improvisés, ils ont le mérite de prouver une chose banale mais qui ne paraît pas toujours évidente aux « humoristes » professionnels : la comédie est l’art le plus compliqué qui soit et nécessite un travail énorme. C’est une hérésie de penser que laisser quelques acteurs se défouler devant un film porno produira quelque chose de drôle. On a l’impression de voir ici une bande de copains à un banquet de mariage de sous-préfecture tentant d’animer laborieusement la soirée. Ca va des phrases répétées cinq fois (« c’est quand qu’il arrive Belmondo ?») aux blagues de patronage les plus ringardes (mention spéciale au nullissime Pierre Doris) en passant par un petit « jeu de rôle » inepte (Jugnot endossant l’habit du puritain scandalisé par le spectacle tandis qu’un autre joue celui qui l’apprécie et le défend) .
Tout cela est bête à pleurer et on s’amusera seulement de voir le casting de luxe de ce film (en plus de l’équipe du Splendid, on reconnaîtra les acteurs du Café de la Gare), par exemple Thierry Lhermitte qui ne dit pas un mot (Jugnot, Bouteille, Doris et Mme Souplex demeurant les principaux acteurs à intervenir) mais qu’on voit à chaque plan car il est assis juste derrière Pierre Doris (il n’aura qu’à tenir son rôle de spectateur hilare ou ébahi par le film).
Mis à part cette curiosité de découvrir dans cette galère de jeunes acteurs qui allaient devenir célèbres, tout cela suinte le poujadisme le plus rance, la gaudriole la plus bécasse et l’esprit franchouillard le plus déplaisant (chez nous, on aime la bonne bouffe et les bonnes blagues mais on s’offusque du sexe !) Finalement, ce qui paraît le plus drôle dans ce film, c’est bel et bien la bande porno diffusée dont on ne voit que de rares extraits mais qui semble être un bijou de ringardise rigolboche !
Qui me dira le nom de ce film ?
PS : Je suis également preneur d’information sur l’obscur Raymond Lewin qui a « réalisé » ce film. Savez-vous ce qu’il a fait d’autre ? (J’ai juste découvert par hasard son nom comme monteur d’un vrai film X : s’est-il spécialisé dans cette discipline ?)