O H.O.O.Q
Histoire d’O (1975) de Just Jaeckin avec Corinne Cléry, Udo Kier
Vous le constaterez dès aujourd’hui : je n’ai pas pris pour 2007 la bonne résolution de ne plus perdre de temps devant d’ineffables nanars érotiques des glorieuses 70’. D’une part parce que je trouve totalement crétin de prendre des résolutions à partir du 1er janvier (vous pensez vraiment qu’une nouvelle année va nous permettre de voir changer les choses ?) plutôt que le 24 avril ou du 18 octobre. D’autre part, ces résolutions ne visent généralement qu’à supprimer les petits plaisirs de la vie (arrêter de fumer, de boire…) ou à s’infliger encore plus de douleurs et de sacrifices (se mettre au sport et même, pour les plus résolument pervers, se mettre au jogging !). Foutre Dieu ! Je n’imagine pas de saines résolutions si elles ne visent pas à accroître sans cesse notre plaisir, à permettre de jouir le plus intensément de chaque instant de bonheur et à élargir immodérément le champ de nos désirs (relisez John Cowper Powys !).
N’allez cependant pas déduire de cette introduction relativement hors-sujet (mais vous commencez à vous habituer aux cheminements tortueux de mon esprit !) que la vision d’un film érotique soit forcément une sinécure et procure systématiquement une jouissance inégalable. Au contraire, il n’est pas rare que la découverte de ces antédiluviennes friponneries se change vite en simple purge lorsque le spectateur réalise que le talent a totalement déserté les lieux.
Prenons Just Jaeckin, sans doute le cinéaste polisson qui a drainé le plus de spectateurs dans les salles en portant à l’écran des classiques de la littérature érotique (avant cette adaptation de Pauline Réage, il y eut le triomphe du ridicule Emmanuelle). Il fut sans conteste le chef de file d’un cinéma coquin totalement lisse et aseptisé (les abominables Gwendoline et Madame Claude) avant de se voir chiper son titre par l’infâme Zalman King (producteur d’un des grands navets de l’histoire du cinéma, neuf semaines et demie, et réalisateur de grosses bouses qui ne doivent pas valoir mieux !).
Histoire d’O, c’est le récit d’une femme (O) qui aime tellement son amant René qu’elle le suit dans un étrange château où elle est fort peu cordialement châtiée (à coups de fouet) et livrée au bon vouloir de ces messieurs. Après avoir triomphé de ces épreuves, O se voit à nouveau offerte à Sir Stephen et subir de nouvelles humiliations. Sauf qu’O finira par succomber au charme de Sir Stephen et à se livrer entièrement à lui (elle ira jusqu’à se faire tatouer la peau au fer rouge pour lui !)…
Que dire ? La photo est soignée, certes, mais l’ensemble dégage la sensualité d’une paire de chaussettes de footballeurs après un match rudement disputé ! C’est un album de photos sur papier-glacé où, à l’instar d’un vulgaire numéro de Newlook, chaque page feuilletée révèle l’image d’une belle fille dénudée. Mais bien malin qui pourra déceler le moindre érotisme dans ce catalogue chic et luxueux, ne serait-ce que le temps d’un unique plan un peu troublant.
Le plus agaçant, c’est que ce flot de chichis policés, de SM aussi toc qu’un programme politique en période pré-électorale, n’est là que pour illustrer une histoire totalement idiote (pardon à Pauline Réage dont je n’ai pas lu le livre) et assez déplaisante dans le fond. Car ici, l’amour est uniquement synonyme de soumission totale et de domination phallocrate. Il n’est jamais question de complicité amoureuse, de câlineries joyeusement partagées mais uniquement de coups, de violences, de sacrifices pour prouver son amour total.
Ceux qui partagent cette vision de l’amour pourront éventuellement être séduits par le film. Ce n’est pas mon cas et plutôt que de m’infliger un tel ramassis d’inepties, je choisirai la prochaine fois une solution plus opportune :
O d’O d’O !