Palais royal ! (2005) de et avec Valérie Lemercier et Catherine Deneuve, Lambert Wilson, Michel Aumont, Mathilde Seigner, Denis Podalydès, Gilbert Melki

 

Consternant ! Et mon affliction ne vient pas seulement du fait que le film de Valérie Lemercier soit très mauvais (après tout, ça peut arriver et les deux premiers films de l’actrice réalisatrice ne laissaient rien présager de bon) mais de l’accueil critique qui fut réservé en son temps à Palais royal ! Je me souviens d’avoir lu une pleine page élogieuse dans les Cahiers et certains critiques allèrent même jusqu’à classer ce film parmi les meilleurs de l’année !

Tout cet enthousiasme pour quoi ? Une satire mollassonne et convenue de la couronne d’Angleterre. Car il ne fait aucun doute, même si à un moment donné Lemercier entonne d’une voix souffreteuse une inepte chanson qui la fait ressembler à Stéphanie de Monaco, que l’actrice se donne ici le rôle de Lady Di, une princesse populaire et mal-aimée par la reine (incarnée ici, comme un ongle1, par Catherine Deneuve). Je ne suis pas assez spécialiste des tabloïds pour avoir relevé les inévitables références à des personnages réels mais là n’est pas la question. Il s’agit de deviner le pourquoi d’un tel film.

Satire du milieu royal dont les personnages n’existent plus que par les paparazzis ? Soit ! Lambert Wilson fait très bien le prince dégénéré mais, franchement, c’est quand même tirer sur une ambulance.

Egratigner le pouvoir ? On pourrait supposer que Lemercier ait l’élégance de jouer la carte de la métaphore et de parler, à travers sa satire, des minables monarques « démocrasseux » qui nous gouvernent. Que nenni ! Les us et coutumes de momies n’ayant plus aucune influence sur le monde semblent faire rire Lemercier mais c’est bien la seule chose qu’elle ose toucher.

Par contre, il semble hors de question d’égratigner tout ce qui fait notre époque. Notre princesse se révolte un peu contre la famille royale en utilisant les médias et en jouant les bienfaitrices humanitaires. Le temps d’une scène, Valérie Lemercier suggère même qu’il y a du cynisme dans cette attitude mais la seule remise en question qu’elle se permet, c’est celle de son personnage. Jamais elle ne se permettrait de rire du ridicule quotidien que nous offrent les médias, des chanteurs nuls qui hululent contre la faim dans le monde, le sida ou la mucoviscidose ! (comme si on pouvait être pour !)

Je n’ai jamais vu une comédie qui s’acharne avec un tel allant à se moquer de ce qui n’est plus et de valider, a contrario, toutes les cochonneries qui existent (si la princesse que Lemercier incarne est parfois blâmable, c’est seulement parce qu’elle profite d’un système qui jamais n’est remis en cause. Si elle s’engageait réellement, en citoyenne –beurk ! beurk !-, elle représenterait une sorte de modèle !)

Vous allez me dire que je cherche encore la petite bête, que Lemercier n’a jamais eu l’intention de jouer les Ravachol et qu’elle veut seulement distraire (la belle affaire !). Eh bien mes petits amis, permettez-moi de vous dire que même au niveau de l’humour, c’est l’anémie totale et seuls les plus indulgents trouverons quelque chose à pignocher.

Les gags visuels sont indigents et l’humour verbal est plutôt graveleux, ce qui surprend de la part de quelqu’un comme Lemercier qui passe pour une humoriste plutôt subtile.

Bref, rien à sauver de ce film si ce n’est quelques compositions d’acteurs (j’aime beaucoup Michel Aumont et Gilbert Melki).

Que ceux qui aiment m’expliquent : je partais avec des intentions plutôt bienveillantes mais malgré toute ma bonne volonté, je ne comprends pas…

 



1 Parfaitement, c’est une interprétation qui fait mal !

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