Zombies spaghetti
Le cimetière des morts-vivants (1965) de Massimo Pupillo avec Barbara Steel (Editions Artus Films) Sortie le 2 octobre 2012
Bonne nouvelle chers lecteurs, nos amis d'Artus nous proposent une nouvelle salve de DVD dédiés au cinéma gothique italien (avec ce qui semble déjà être une jolie pépite : le mythique Château des messes noires de Joseph Sarno).
Nous avions fait connaissance avec Massimo Pupillo à l'occasion de la réédition de l’invraisemblable Vierges pour le bourreau. Si l'on en croit l'excellent Alain Petit, le cinéaste a d'ailleurs tourné les deux films à la chaîne, suite à la commande d'un producteur américain (Ralph Zucker) qui s'est ensuite plus ou moins approprié la paternité de ces œuvres (Pupillo ne manifestant aucune passion pour le genre fantastique).
L'intrigue du Cimetière des morts-vivants est d'un classicisme qui frise le conventionnel. Un notaire est appelé auprès d'un médecin pour régler un problème de succession. Arrivé sur place, son associé constate que leur « client » est décédé depuis un an. Il accepte néanmoins l'hospitalité de sa veuve (l'immense Barbara Steele) tandis que le « fantôme » du docteur semble planer sur la petite ville lorsque certaines morts mystérieuses sont constatées...
Pupillo joue dans un premier temps sur l'imagerie du film de vampires avec cette vieille demeure sinistre et les habitants du lieu qui se signent lorsqu'on prononce le nom du défunt docteur. C'est d'ailleurs ce qui séduit le plus : une atmosphère gothique que le réalisateur parvient à instaurer en jouant sur les décors (caveau lugubre, embryons dans des bocaux, la foudre qui éclate toujours au moment opportun, domestique taiseux et inquiétant...) et quelques jolies idées de mise en scène (des plongées qui parviennent à mettre en valeur des lieux étranges). Tandis que les morts se succèdent, on comprend que les lieux sont toujours hantés par ledit médecin qui converse, depuis l'au-delà, avec une légion de pestiférés. D'où le titre français un peu trompeur puisqu'on ne verra pas de morts-vivants (même si les tombes s'ouvrent à la fin du film) et que l'épidémie de peste sera conjurée grâce...à la pluie ! (ils sont toujours très forts, ces cinéastes bis, pour conclure leurs films!)
Ironie mise à part, le film souffre d'une partie centrale un peu mollassonne mais se regarde sans le moindre déplaisir. D'une part, parce qu'il y a Barbara Steele qui apporte à l’œuvre une petite touche d'érotisme aussi désuet que charmant même si tout cela reste très chaste (mon camarade Vincent appréciera sans aucun doute sa scène de bain). D'autre part, certaines séquences sont très réussies, notamment ce moment où les nœuds du récit se desserrent et où s'éclairent les principaux enjeux du film. Pupillo intègre un flash-back (que je ne révélerai pas) d'une manière très habile (à l'aide d'un miroir, notamment) qui dynamise soudain la narration.
On aura même le droit à des scènes un peu plus « gore » (là encore, tout est relatif), avec des personnages brûlés à l'acide ou défigurés par les bubons de la peste.
L'ensemble n'est certes pas inoubliable mais permettra d'apaiser les âmes tourmentées et d'offrir aux fans de la grande Barbara (dont le rôle est assez secondaire, avouons-le) de petits instants de purs plaisirs fétichistes...