One week/ La maison démontable (1920) de Buster Keaton et Eddie Cline avec Buter Keaton

Sherlock Junior (1924) de et avec Buster Keaton



Pas d'inquiétudes : ce n'est pas le surmenage qui me fait soudain choisir des titres insultants pour le grands noms du cinéma et m'engager dans les voies d'une vulgarité que j'ai toujours cherché à éviter avec panache. Il s'agit tout simplement de l'actualité musicale puisque pour la modique somme de 9,99 euros, vous pouvez actuellement acquérir le dernier album des Fils de Teuhpu (Camping sauvage : je ne l'ai d'ailleurs toujours pas écouté), accompagné d'un DVD comportant un concert du groupe filmé à Cergy et, c'est l'objet de cette note, de deux films de Buster Keaton que la joyeuse fanfare (pour ceux qui ignorent tout du groupe, sachez qu'il s'inscrit dans la famille de plus en plus nombreuse du rock musette festif mâtiné de sonorités de fanfares balkaniques) a mis en musique.

J'espère qu'on ne m'accusera pas de lèse-majesté si je confesse que, malgré toute l'admiration que je porte à Buster Keaton cinéaste (ses mises en scène sont d'une rigueur et d'une « géométrie » parfaites), il est sans doute l'un des acteurs burlesques qui me fait le moins rire alors que je ne me lasse pas de « confrères » comme Harold Lloyd ou les frères Marx, pourtant souvent desservis par des mises en scène plus banales.


Coréalisé par Eddie Cline, One week est un court-métrage très caractéristique du style Keaton. L'acteur y incarne un jeune homme tout juste marié qui hérite d'une maison démontable comme cadeau de noces. Tout le burlesque de ce court-métrage (20 minutes) repose sur la révolte permanente des objets contre la bonne volonté de notre héros qui peine tant bien que mal à bâtir une maison qui semble tout droit (si j'ose m'exprimer ainsi) sortie du Cabinet du docteur Caligari. Outre des mésaventures avec une cheminée, un plafond, une échelle et toutes sortes d'éléments du décor, notre couple sera confronté à une tempête et, bien évidemment, à un train qui achèvera de réduire la demeure en charpies.  

Difficile de nier que le résultat est à la fois vif et fort bien agencé mais, encore une fois, malgré quelques gags tordants, j'ai l'impression d'avoir moins ri que devant les courts-métrages ressortis récemment d'Harold Lloyd.

Chez Keaton, le rire est presque déjà « intellectuel » en ce sens que tout est extrêmement pensé. Sherlock Junior (1924) pousse le bouchon encore plus loin puisqu'on y voit, bien avant la vie secrète de Walter Mitty (N.Z.McLeod) ou le magnifique (De Broca) un jeune employé de cinéma se projetant dans la peau d'un détective et parvenant à résoudre une enquête policière. Avec ce film, Keaton invente déjà la mise en abyme (son personnage regarde un écran pour calquer ses gestes sur ceux des comédiens à la fin du film) et annonce avec 60 ans d'avance La rose pourpre du Caire de Woody Allen puisque son personnage parvient à « entrer » dans l'écran. D'un point de vue purement cinématographique, c'est assez prodigieux puisque le cinéaste joue avec le cadre dans le cadre et ose même une séquence assez incroyable où le gag provient de changements de décors permanents qui provoquent des catastrophes pour Keaton qui évolue au milieu de ce monde illusoire (la scène est d'ailleurs vue depuis un siège du cinéma, en plan général). D'un autre côté, cette constante mise à distance de l'illusion fait que le film, du moins dans sa première partie, n'est pas très, très drôle. Heureusement, sur la fin, le cinéaste nous gratifie d'une fameuse course-poursuite où, niché sur un guidon de moto sans conducteur, Keaton échappe aux pires catastrophes (il passe entre les voitures, évite de justesse un train...) avec une maestria assez étourdissante et drolatique.


Même si je reconnais humblement que Keaton n'est pas mon comique préféré, qu'on ne se méprenne pas sur ma relative « sévérité » : j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces deux films et ce sont indéniablement de grands « classiques » du cinéma (pour ma part, j'ai davantage apprécié Steamboat Bill Jr.) qui méritent le détour...

NB : Dernière minute, une bien triste nouvelle...

 

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